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A Revista Urbanisme nº 293 apresenta o Dossiê “Grands stades en quête d’urbanité” no qual debate o papel dos grandes estádios no contexto dos megaeventos esportivos como a Mundial da FIFA no Brasil e a EURO 2016. Os pesquisadores Christopher Gaffney, Olga Firkowski, Paulo Roberto Soares e Orlando dos Santos Jr., do Observatório das Metrópoles, colaboraram com a publicação francesa.

A Revista Urbanisme é referência para aqueles que estudam o tema urbano e as cidades na França, e vem se consolidando como uma das mais importantes da Europa. Urbanisme tem como enfoque os projetos urbanos, acolhendo o ponto de vista daqueles que tomam as decisões sobre os planos urbanos, os profissionais e operadores, como também se abre a outros olhares, especialmente dos artistas, fotógrafos ou escritores. Ao completar 80 anos de existência em 2012, a publicação vem buscando ultrapassar as fronteiras, acolhendo os autores de todos os horizontes e apreendendo as transformações das cidades em escala mundial.

A edição de nº 293 da Revista Urbanisme traz o Dossiê “Grands stades en quête d’urbanité”. Veja a seguir o editorial de Jean-Michel Mestres. Os pesquisadores Christopher Gaffney, Olga Firkowski e Orlando dos Santos Jr., do Observatório das Metrópoles, colaboraram com a publicação francesa.

Veja o texto “Os estádios do Mundial 2014 serão elefantes brancos”, de Christopher Gaffney.

Leia a edição nº 293 da Revista Urbanisme.

 

Éditorial

Par Jean-Michel Mestres

En consacrant son dossier aux grands stades, Urbanisme sacrifierait-elle à la tyrannie de l’actualité ? L’idée traversera sans doute l’esprit de certains de nos lecteurs, qui n’imaginaient pas que le football envahirait aussi la revue. D’autres se diront à l’inverse : « Il était grand temps de s’y intéresser ». Ouvrir le débat au moment du Mondial organisé dans un des grands pays émergents et à deux ans d’une grande compétition européenne (Euro 2016) qui donne lieu à un programme sans précédent de rénovation des stades français paraît légitime.

Ces objets singuliers occupent une place dans le paysage urbain sans commune mesure, la plupart du temps, avec leur usage réel, alors même qu’ils représentent des investissements lourds (pas moins de 200 ou 300 millions pour plus de 30 000 places, et jusqu’au double) qui restent, au moins en France, très largement à la charge des collectivités locales. Ce sont aussi des objets architecturaux, parfois à la pointe en termes constructifs, qui peuvent servir d’étendards à une ville ou à un territoire. Et pourtant, malgré les promesses de leurs promoteurs, leurs bénéfices sociaux, économiques ou urbains restent très incertains. Que dire alors des stades construits à grands frais et à marche forcée dans des pays – certes dynamiques et qui veulent le montrer – qui cristallisent contre eux beaucoup d’oppositions ?

Qu’on les pare de vertus qu’ils sont loin de réunir ou qu’on les charge de maux au-delà de ce qui leur revient, les stades sont d’abord les vitrines de la grande compétition planétaire entre pays, riches ou émergents, pour l’organisation des grands événements. Un match qui les amène de plus en plus à se soumettre aux diktats des retransmissions télévisuelles et aux exigences des organisations internationales qui régentent le sport, moins sensibles aux singularités urbaines, architecturales ou culturelles des enceintes sportives qu’à leur standardisation.

À l’échelle des villes, on leur demande d’être des vecteurs de notoriété et de dégager des bénéfices, au point d’en oublier qu’ils restent soumis à l’aléa sportif. Faute d’avoir intégré ces contraintes, certaines villes se retrouvent avec des « éléphants blancs ». Et voilà qu’on demande à présent à ces stades de se transformer en lieux de vie permanents, ou de devenir des locomotives pour un quartier ou tout un territoire. Bref, d’être bien plus que des stades, sans que l’on connaisse bien les termes de ce nouveau cahier des charges.

Rien n’arrête pourtant les stades, derniers temples païens réservés aux passions collectives. Une centaine de plus de 30 000 places seraient en chantier dans le monde. Certains, y compris en France, sont prévus pour n’être utilisés qu’une quinzaine de fois par an. Est-ce bien raisonnable ? D’autres entendent fonctionner toute l’année grâce à une diversité des usages (sport, spectacles, concerts, salons) et à une grande modularité. La multifonctionnalité est-elle l’avenir ?

Leurs excès inquiètent ? Leurs nouveaux gestionnaires se font fort de les assagir, de les rendre plus familiaux, de les « gentrifier », en éliminant les places debout et les virages où l’on voit mal mais où l’on peut se faire entendre. S’il faut les rendre plus fréquentables, c’est aussi parce que le prix des places est l’un des paramètres du business model. Il n’est pas le seul. Impensable de concevoir un équipement de cette importance sans les indispensables « hospitalités » (prestations de repas servis en loge), tenant ainsi à distance les hordes de supporters qui envahissaient jusque-là les travées en béton. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, la marchandisation des stades est à l’œuvre, au point de les amener à vendre leur nom (leur âme, diront certains) à des marques. Cela porte un nom affreux : le « naming ».

Que cachent ces transformations ? Entre-t-on dans l’ère de l’aseptisation ? On ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur les fonctions des stades et sur leurs publics. Car, malgré leurs dérives, les stades demeurent des lieux d’attraction, de partage social et de vivre-ensemble. Quelque chose résiste, qui rappelle qu’il est sans doute temps de penser leur nouvelle urbanité.

Jean-Michel Mestres